Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Olivier est mort : une bavure policière en toute impunité !
18 avril 2010

Olicier est mort : une bavure policière en toute impunité

BAVURE POLICIERE EN TOUTE IMPUNITE.

Ces mots sont désormais attachés à la mort de mon fils, Olivier Massonnaud, alors âgé de 38 ans, tué par un policier de Poitiers en août 2007.

Pour moi cette mort est injustifiable car Olivier n’avait blessé ni tué personne, et n’avait aucun objet sur lui, donc aucune arme. Bien qu’inoffensif, il a été abattu comme une bête d’un tir effectué à bout portant. Ses deux enfants, présents ce soir-là, sont désormais orphelins.

L’auteur du coup de feu, quant à lui, par principe, allègue la légitime défense, et n’a jamais été mis en examen par le juge d’instruction, ce qui pour moi a traduit d’emblée la caution que ce juge accordait au policier.

Pour résumer les faits succinctement, ce soir-là l’intervention de la police a transformé un fait divers malheureux en tragédie mortelle.

En effet les policiers ont refusé de voir derrière son comportement agité un homme souffrant, en proie à un grand désespoir, et ayant besoin d’une assistance médicale.

Au contraire ils l’ont harcelé et dénommé forcené pour justifier leur comportement meurtrier.

Assiégé, insulté et menacé par certains policiers, mon fils, craignant le pire, a dû quitter son appartement et s’est réfugié dans une cour du voisinage.

Quand la police l’y a découvert, il était blotti entre une voiture et un mur, il était assis à terre la tête pendante vers le sol, il était « assoupi », selon les termes du policier T.F.

Est-ce là une attitude de menace ? Je ne le pense pas.

Le policier a dû crier pour le réveiller. Il s’est alors relevé et s’est dirigé droit devant lui « les bras au-dessus de la tête », selon le policier D.F.

De façon habituelle ce geste est significatif de soumission, de reddition, et non pas d’agression. Aurait-il une autre signification pour les policiers ?

En effet, le policier T.F. l’a alors frappé violemment, le faisant pivoter et l’immobilisant.

Le brigadier chef J.C. s’est alors approché et a effectué son tir mortel, prétendant avoir sauvé son collègue d’une mort possible.

Il apparaît bien au cours de l’instruction que  mon fils n’a frappé aucun policier, mais que c’est bien lui qui a été frappé. Je rappelle qu’il n’avait aucun objet sur lui.

Chacun jugera la valeur de la légitime défense alléguée par les policiers !

Ce brigadier-chef auteur du coup de feu, qui menait cette intervention, n’avait pas le grade voulu par le règlement, et il avoue lui-même son incompétence quand il déclare : « je ne voyais pas comment on pouvait l’interpeler nous-mêmes », et plus loin : « là il y a une petite période de flou pour moi ». Cela ne l’a pas empêché de refuser toute aide et de terminer son intervention par un meurtre. Incompétence et lâcheté sont pour moi les explications de ce tir mortel.

Ainsi peut être décrit le premier temps de l’horreur vécue par les proches d’Olivier, le deuxième temps étant constitué par l’enquête et l’instruction.

L’enquête n’a pas été menée par la gendarmerie, comme il se devait en pareil  cas, mais par des policiers eux-mêmes proches du meurtrier, puisqu’étant attachés au même commissariat : sans commentaire sur leur impartialité !

Après cette première enquête menée par les collègues ( !), l’IGPN a fait la sienne et a décerné un satisfecit à l’auteur du coup de feu, car, s’il a tué un homme, il n’a, paraît-il, « pas commis de faute administrative », et, quoi qu’il en soit, « son parcours professionnel témoigne en sa faveur » !!

Après ces deux « enquêtes » le ton était donné, et mon espoir s’est alors tourné vers le juge.

Malheureusement l’instruction a été menée par un juge qui affiche largement sur les murs de son bureau son admiration et sa sympathie pour la police, et l’on a du mal à penser que cela soit possible et surtout autorisé : une véritable provocation.

Dans ces conditions je devais m’attendre au pire; je n’y étais pas préparé, mais j’y ai cependant été contraint.

Pour leur défense les policiers ont mis au point un scénario entièrement à la charge de mon fils, scénario qui est en fait un tissu de mensonges flagrants et d’invraisemblances insignes.

Bien sûr ce scénario a été avalisé par les prétendus enquêteurs : corporatisme élémentaire.

Ce qui est plus grave, c’est que le juge d’instruction a également accepté ce scénario fait de mensonges et d’invraisemblances sans le remettre en question d’une quelconque façon : ceci n’est plus du corporatisme mais ressemble fort à de la collusion.

Le sens des procès-verbaux d’instruction laisse entendre que c’est mon fils le coupable et les policiers qui sont les victimes : instruction menée à charge contre mon fils, et non à charge et à décharge contre les policiers.

Enfin le réquisitoire du procureur aux fins de non lieu vient mettre la dernière touche à cette horreur ; sa trame est faite de parti pris et de mensonges insolents, et je ne pensais pas qu’un homme chargé de représenter l’Etat et la Justice pût ainsi accabler la mémoire d’un mort avec un tel acharnement et une telle férocité. 

Cette demande  de non lieu signifie que le policier meurtrier n’aurait pas à comparaître devant un tribunal pour répondre de son forfait, et qu’ainsi il a pu tuer un homme en toute impunité.

Autrement dit que la mort de mon fils serait un détail insignifiant à ne pas prendre en compte et surtout à ne pas juger.

A 73 ans je découvre ainsi la Justice de mon pays, et j’avoue en éprouver une profonde aversion, car depuis bientôt trois ans j’ai toujours espéré que finalement la justice serait….juste !

Mon fils est mort, et pour moi il s’agit d’un crime ; manifestement et impérativement cette mort devait être occultée, et depuis août 2007 cette occultation faite de maquillage a été systématiquement et parfaitement organisée ; il s’agit là d’un véritable scandale.

Est-ce là un comportement représentatif de la police nationale et de la Justice française ?

Dans ces conditions, quels commentaires sur la Justice française pourrai-je faire à mes petits-enfants pour qu’ils puissent encore respecter les institutions de leur pays ?

Publicité
Publicité
Commentaires
M
J'avais rencontré Olivier, c'était un Artiste et un écorché vif mais certainement pas un être dangereux. <br /> Pourquoi s'acharner sur une personne en détresse, Père de 2 enfants qui n'arrive plus à contrôler ses peurs. <br /> Le récit est nauséabond, les actes des policiers ne semblent pas démontrer qu'ils cherchent à récupérer quelqu'un en fuite mais à faire comme à la télé dans les très mauvaises séries. <br /> Avec un tel dossier, pauvre France, j'ai honte. <br /> Comment ses enfants et ses proches pourront ils faire leur deuil et espérer en la vie ?
N
J'espère ne choquer personne. <br /> <br /> Olivier était et restera un ami autant que les moments passés ensemble demeureront en ma mémoire. Ces moments quant à eux, en connaissance de mes propres valeurs, me suffisent et suffiront à ce que la sienne de mémoire ne puisse jamais être entachée. <br /> <br /> Ceci dit, je crains que la lutte pour (et d'une certaine manière "contre") la justice ne soit perdue. Ce qui ne changera plus : Olivier ne reviendra jamais plus parmi nous. Ce qui devrait ne pas changer : son cas ne sera jamais reconnu en tant que "bavure policière". Ce qui peut encore changer (et pardon si vous trouvez cela naïf ou quoi que ce soit du genre) : la procédure qui amena cet acte et surtout son épilogue. <br /> <br /> Sans jamais oublier Olivier et ce qu'il représentait pour nous, ne serait-il pas envisageable de mener le combat sur un autre front (ce qui n'empêche de continuer à vouloir faire reconnaître les tords aux personnes "responsables")? <br /> Faire une proposition de loi visant à, dans ce genre de cas, interdire l'usage d'une arme à feux, privilégier l'utilisation du tazer ou autres flashball et surtout, dans le laps de temps écoulé entre le début de cette horrible histoire et la mort d'Olivier, l'obligation de passer par une médiation digne de ce nom de la part d'un professionnel de la psychologie.<br /> <br /> Olivier ne méritait pas de mourir!<br /> Si c'est ainsi que l'on traite la dépression alors combien d'entre nous peuvent-ils trembler dès à présent? <br /> <br /> Quand on fait face à un cas d'urgence médicale, que l'on compose le 15, à l'autre bout du fil, calmement, on nous pose des questions pour comprendre à quel type de cas les ambulanciers ou pompiers envoyés auront à faire. Ne serait-il pas envisageable de transposer ce type de questionnaire à ce genre de cas? Dès le départ, un psychologue aurait pu être envoyé (aussi bien pour calmer Olivier que pour tempérer les ardeurs de certains agents de police). Cela aurait peut-être tout changé.<br /> <br /> Je sais qu'il est difficile de se raccrocher à un semblant de dynamique positive et je sais que fondamentalement, cela ne changera pas le principal. Néanmoins, combien faudra-t-il de bavures reconnues ou pas avant que quelque chose ne change? <br /> <br /> Olivier voulait être libre et était conscient du prix de la liberté. <br /> Il aimait la mer et l'horizon, les vieux gréements, la musique trad' où, lors des concerts, les vieux dansent avec les jeunes, et les heures passées sur une vièle à roue, sur un bohdràn à apprendre, dans le but de danser et faire danser... <br /> Olivier avait été chamboulé par "Tous les matins du monde" de Corneau, avec Marielle, Depardieu père et fils, Anne Brochet... <br /> Il aimait l'odeur et la chaleur d'un bon feu de bois et plus que tout, il aimait ses enfants.<br /> <br /> Peut-on ensemble construire quelque-chose en sa mémoire? et peut-on nous l'interdire?
O
C'est avec une certaine amertume que je constate le peu d'intérêt suscité par ce blog. J'ai l'impression que personne ne se sent concerné.<br /> J'ai beau jeu de critiquer: pour moi, Olivier n'était pas un inconnu. Mais le flou qui entoure ses derniers instants ne se dissipe pas, même après 3 ans de travail acharné de la part de sa famille.Je voulais agir en honnête homme et peut être, ou surtout, parce que j'étais un ami d'Olivier, j'hésitais à lui donner raison de but en blanc. Qui peut prétendre être à l'abri d'un coup de folie, d'un désespoir violent?<br /> Cependant, plus les années passent, plus s'impose à moi la conviction que mon camarade Olivier a été victime de ce que l'on appelle en général une bavure. Plus encore, rien dans "l'avancement" de l'affaire ne me laisse penser le contraire.<br /> Ce n'est pas faire affront aux forces de l'ordre, à la loi et à la justice que de dire qu'il y a eu erreur,voire des dysfonctionnements, qui ont abouti au geste fatal d'un fonctionnaire de police, à la mort d'un copain. Ce n'est pas remettre en question toute la police que de demander justice et vérité, honnêtement; de vouloir que chacun reconnaisse ses torts. Ne serait-ce pas faire acte de citoyenneté, d'humanité, de la part de la machine administrative, que d'écouter une famille endeuillée?<br /> N'oublions pas que les victimes sont avant tout Olivier, ses proches, sa famille, ses enfants. Lui ne peut plus s'expliquer; en vous exprimant sur ce blog, quelque soit votre opinion, vous lui redonnerez un peu la parole.
Olivier est mort : une bavure policière en toute impunité !
  • Olivier fait une crise de désespoir. La police intervient et transforme ce fait divers en tragédie mortelle. Le policier, après l'avoir tué, n'est même pas mis en examen par la justice, et il va être totalement disculpé.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité